Nous nous sommes échappés de la station "Stalingrad"
.Elle fut rebaptisée en 1946 en hommage à la victoire à Stalingrad de l'Armée Rouge sur l'armée du IIIè Reich.
La station "Stalingrad" s'appelait "Boulevard de la Villette", sur la ligne 7 et portait le nom de "Rue d'Aubervilliers" sur la ligne 2. Ces deux lignes se rencontrent ici.
La Villette, Aubervilliers nous attendent donc...
Les marches du métro nous mènent Boulevard de la Chapelle : cette voie marquait autrefois la limite entre les communes de Paris et de la Chapelle (d'où la présence de murs d'octroi).
Le quartier fait aujourd'hui l'objet d'un plan d'urbanisme d'envergure : des îlots d'immeubles squattés sont sur la touche
Le quartier est une plaque tournante (peuplé d'ethnies diverses et de populations marginales) à cheval sur les dixième, dix- huitième (en prolongement de la Goutte d'Or) et le dix-neuvième arrondissements.
Ici, on tire partie de la moindre parcelle d'espace vital : un terrain de volley ball a été astucieusement aménagé sous la voie du métro
Je viens de quitter sans regret un environnement qui me parait chaotique et reviens sur nos pas Place de la Bataille de Stalingrad pour retrouver la station Jaurès et la Rotonde de la Villette que les constructeurs de la ligne de métro aérienne ont eu la bonne idée de contourner afin d'éviter sa destruction programmée
Traversée de la triste rue de Flandre où pointent à l'horizon une grappe de tours toutes neuves ("les orgues de Flandre"), avant de rejoindre le jardin de Georges Jeanclos et le quai de Seine séparés l'un de l'autre par un mur...
U n pan du mur des fermiers généraux (la barrière Saint-Martin-La Villette) et à l'arrière plan, son pavillon d'octroi : Les fermiers généraux étaient chargés de percevoir des taxes sur les produits importés d'une autre commune.
Ces ouvrages ont survécu aux démolitions qui ont affecté la plupart des barrières d'octroi, d'abord après la Révolution, puis en 1860 lors des aménagements haussmanniens. Il est heureux que le métro ait épargné la Rotonde
Ce Pavillon d'octroi a été conçu en en 1785 par l'architecte Ledoux. Le roi lui avait commandé ce projet qui devait s'inspirer d'un ouvrage similaire réalisé par ce dernier pour la saline royale d'Arc-en-Senan, dans le Doubs. De conception néo antique basée sur des figures géométriques : le cercle et le carré, avec des colonnnes toutes simples.
La Rotonde est aujourd'hui en cours de restauration et abritera sous peu un centre culturel et un restaurant.
A la fin des années 1990, les pouvoirs publics ont du faire face à l'insécurité larvée qui sévissait dans le quartier à la suite du repli de l'industrie, avant de transformer une "zone" tombée en désuétude en une aire de détente et de "culture"
Le service des canaux qui occupait jusqu'à une date récente le bâtiment de briques polychromes a déménagé dans un entrepôt réaménagé à proximité
En contournant le pavillon des "canaux", je remarque ce perron ; à gauche de la porte, une petite plaque noire nous informe :" le 23 mars 1918, à 7h20 du matin, le premier obus de la Bertha est tombé devant cet immeuble"
La ville de Paris a décidé de laisser la société MK2 libre de réaménager cet ancien hall d'entrepôt. Le "K" assorti de salles de cafétéria a pris place ici
et en face
Peut-on considérer que la vocation cinématographique du quartier est ainsi perpétrée ?
C'est rue d'Aubervilliers toute proche en effet, que s'est construite en 1907 "l'usine à rêves" (sutdios de cinéma Gaumont) et la première salle de projection.
Autrefois, le Bassin de la Villette offrait les plaisirs simples de la baignade de parties de canotage et de concours de pêche. A l'avénement de l'industrie, les entrepôts remplacèrent les guinguettes et le frafic fluvial accentué rendit ces distractions périlleuses.
L'entrée d'une allée d'arbres est prétexte au souvenir ému de figures de légende
Et juste derrière la promenade, le Moderne cotoie l'Ancien
Tracé droit de rails... Que font ici ces pilastres ?