Pendant qu'il dort...
et puisque les premiers engouements passés, la décapotable du Maître de céans est progressivement remisée dans l'oubli,
je m'y installe, sans vergogne. Mes plans stratégiques pour remettre un peu de sens commun à l'ordre du jour, sont décomplexés et résolus.
Un chat issu d'une longue lignée de croisés, sacrée depuis la nuit des temps, mérite bien autant les privilèges qu'un chien "de race", pataud, servile quémandeur de caresses, la truffe en quête perpétuelle, avide de répugnantes particules, et de menus reliefs. Du haut de ma superbe, je me prends à mépriser l'expansivité populaire et la zèle intempestif qui l'envoient tourbillonner dans des émois les plus vains .
Pour le moment, il dort ... ronfle comme un sonneur, et émet, d'une manière aléatoire, de sournois soufflets aux effluves fort incommodantes auxquelles il est prudent de se soustraire.
Par bonheur, le grand air est en permanence à proximité,
MAIS ..
mais...
il semblerait que Tino, le solitaire, le Père tranquille de la tribu, soit en train de me jouer un tour, avec la discrétion et la méthode qui le caractérisent,
Il vient de prendre place dans mon fauteuil dédié. Déterminé et discrétement résolu, il me regarde droit dans les yeux: c'est un doux entêté. Je préfère m'incliner en prétendant être absorbé par un tout autre sujet, et m'esquive, ne me sentant pas d'humeur à me colleter avec le doyen,
tandis que la Dame de la Tribu trône ostensiblement en vue du ronfleur... dont les rêves perturbés viennent abruptement de prendre fin.
Le trône ne lui est pas accessible, et pour des raisons de sécurité liées à sa morphologie délicate, lui est interdit. Elle le toise...
Au quart de tour, saisi au collet par l'indignation la plus extrême, il manifeste bruyamment son courroux devant tant d'injustice et d'impudence. La fureur se module de perceptibles larmes de dépit.
Il vient s'en ouvrir à la patronne, qui se contente de lui intimer le silence, sans autre forme de procès.
Alors, avec l'énergie du désespoir, il venge son amertume... sur la pâté des chats, un met que d'ordinaire il ne goûterait que du bout des babines, mais que dans les circonstances particulières que nous connaissons, il se prépare à anéantir, absolument, complètement.
"Bisque-bisque rage !"...