Nous avions choisi de gravir les marches, pour le plaisir , car nos jambes et nos pattes ne demandaient qu'a se dégourdir et a s'extirper d'une pesanteur et d'un engourdissement un peu mélancoliques, parfois associes a l'hiver
Coup d'oeil en arrière avant de toucher le sommet, sans mal ni douleur, ce qui nous surprend, tant l'attrait des décors, le dégradés de couleurs ont concouru de concert, a une élévation toute en douceur.
Et droit a notre rencontre, une fontaine Wallace fraîchement repeinte adossée a un mur de soutènement tout récent, dont nous associons la blancheur au salut, nous attend laconique. Elle est silencieuse : l'eau menace de tomber, profusément, et de bien plus haut...
Nous serons ainsi prives ce soir d'un bienfait qui a été légué aux Parisiens par un riche collectionneur britannique, Richard Wallace : aux lendemains du siège de Paris et de la Commune, les aqueducs avaient été détruits ; il faisait soif. L'eau était rare et chère. Pour palier les effets pervers des activités des "marchands de vin". Wallace imagina que des points d'eau devaient être aménagés pour pourvoir gratuitement, aux besoins de tous.
L'eau depuis lors compense les "piquettes", produits de la vigne qui recouvrait alors la Butte de Belleville... toujours hantée de tavernes, de guinguettes et de bals festifs.
Et voila que nous nous posons sur une terrasse qui domine un monde : entre terre et ciel un Paris en suspension se révèle, dont le panorama constitue morceau par morceau a la faveur de notre gravitation se déplie a perte de vue
Reliefs langoureux dont les contours sont soulignes par des allées qui se déroulent en rubans, arbustes moelleux, douceur déclinée en subtiles nuances
la tour Eiffel qu'on avait oubliée, se dresse dans le lointain, entourée d'un aura de gaze, tandis que la fontaine centrale du parc amorce l'élégant trace de son cortège
Les gradins en fer a cheval ou nous nous posons souvent l'été dans l'attente d'un spectacle, humides et déserts aujourd'hui, s'égrainent sur le cote comme des lignes de portées musicales. Mais si la musique sommeille encore, le traces colores sont autant d'invitations a feindre de nous perdre dans les dessins et les couleurs
Sur les hauteurs de Belleville dominant l'horizon, palpite encore le souvenir de héros qui tenaient ici même leur quartier général et résistaient a l'ennemi prussien et encore, peu de temps apres, celui des Communards qui sur le fait de la butte, parvinrent a tenir un long moment, au péril de leurs vies, les Versaillais en haleine.
A quelques pas des jardins du bien et du mal, nous rejoignons l'ancienne grand rue de Belleville qui s'interrompt et s'ouvre sur une place que préside l'Église Saint Jean Baptiste.
En face de l'église, comme sur toutes les places de France, une pâtisserie se trouve a l'oppose, a portée immédiate de la bouche du métro Jourdain...