"Je viens d'entendre une chanson
Entre Pigalle et Blanche
Mais il se peut qu'ce soit aussi
Entre Blanche et Clichy"
White le boulevard sous la bavure
White la morale et le nombre
Pigalle devient blanche quand les bronzés sont à l'ombre
Back vers la lumière dorée
Back vers l'épaisseur des forêts
Back très loin de Babylone
Je veux repartir vers les tambours qui bastonnent"
La proximité des gares du Nord et de l'Est propice aux affaires, l 'enfilade des théâtres et cabarets concentrés le long des grands boulevards ont du favoriser la construction de ces immeubles cossus. L'une des première lignes de métro (la ligne n°2 en l'occurrence, qui relie l'Etoile à la Nation, desservait en priorité ces quartiers où on aimait se divertir).
Les ateliers d'artistes étaient toujours orientés au nord pour permettre aux peintres de Montmartre de bénéficier d'une luminosité optimale.
On se prend à douter que ces lofts soient encore aujourd'hui habités par des artistes ; les spéculations immobilières les en ayant progressivement chassés au profit des tout nouveaux "Bobos".
Les riverains ont longtemps milité pour que l'allée centrale du boulevard de Clichy, longtemps affectée au parking de voitures et d'autocars touristiques soit réaménagée. Le maire de Paris a répondu favorablement à cette requête, et l'allée parée d'arbres, est devenue une aire de promenade très appréciée. Les boulistes disposent même d'espaces aménagés.
Les ateliers se suivent et sur le trottoir opposé, côté soleil, les immeubles 1880 leur font face.
Il existait déjà en 1890, sous l'aspect d'une modeste chaumières sous le nom de "Cabaret des Arts".
En 1925 il est rebaptisé "Théâtre de Dix heures", à la suite d'une boutade de Georges Courteline (un personnage déclare : "je vous dis que l'homme qui fondera un théâtre de dix heures, confortable, élégant, et où on ne jouera que des pièce gaies - car les heures ont leurs exigences - gagnera une fortune par la force des choses - par le seul fait qu'il étanchera une soif" ("Les linottes")).
Ferréol le prend au mot et lui assure un succès programmé.
Jusque dans les années 1960, les chansonniers s'y produisent se moquant des personnalités de l'époque et profitent, pendant les hostilités des années 1940, de la connaissance limitée de la langue française par l'occupant, pour tourner l'ennemi en ridicule. Depuis lors, on y rit toujours beaucoup...Jean Amadou, Henri Tisot et Therry Le Huron s'y produisirent...
La tradition de la bonne humeur est entretenue aujourd'hui avec les passages d'Elie et Dieudonné, Franck Dubosc. Muriel Robin est la marraine de cet établissement qui ne compte que 140 fauteuils rouges, où les comédiens et leur public se trouvent étroitement rassemblés.
En 1998, Gibert Rozon doit faire face à des démêlées avec la Justice pour agression sexuelle sur mineures ; il cède la place à Alain Cousineau à la tête de ce Festival, mais demeure à la tête du groupe.
Récemment, Charles Azenavour et Pierre Perret se sont adressés au maire du XVIIIè arrondissement et lui ont demandé de rouvrir cette salle (fermée en 1967 et rachetée par la Ville de Paris qui l'avait transformée en centre culturel). Depuis 2001 "Les trois Baudets" dont la façade "Art Déco" a été rénovée, a retrouvé sa vocation première : la découverte de nouveaux talents de la chanson francophone et la présentation de spectacles d'avant garde.
L'idée première qui a motivé sa remise en fonction consistait à favoriser l'éclosion de jeunes talents de la la chanson française trop figée dans une image passéiste.
En face, bordant l'angle du trottoir opposé de la rue Coustou, le cabaret "Le Chat noir"
Autour du chat noir
Au clair de la lune
A Montmartre
Je cherche fortune
Autour du chat noir
Au clair de la lune
A Montmartre le soir"
Né à Courtnay (dans le Loiret) en 1851 d'une famille bourgeoise, Aristide Bruant mène une scolarité studieuse. Malheureusement, son père alcoolique notoire ayant fait mauvaise fortune, la famille se réfugie à Paris et doit fréquemment déménager pour échapper aux créanciers. Aristide doit rapidement renoncer aux études et se fait engager comme franc tireur à la faveur de la guerre de 1870, avant de vaquer à différents petits boulots : employé chez un avoué, dans les arrières boutiques de bijoutiers, à la compagnie des chemins de fer du nord. Il se réfugie dans les cafés douteux où se rassemblent les malheureux et commence à se prendre de passion pour l'argot. Il compose des chansons reflétant la révolte des désespérés contre les fils à Papa et se produit dans des guinguettes où il est apprécie avant de finir par obtenir ses entrées au Chat Noir où Salis, le fondateur de l'établissement, accepte ses tours de chants mais ne lui octroie que le droit d'y vendre ses "petits formats" (BD en noir et blanc de format poche).
Son franc parler, la brutalité de ses expressions, l'imagerie éloquente de ses chansons lui valent renommé. Toulouse Lautrec le "croque". Le succès de "Nini peau de chien" et autres "Totolaripette" lui valent bientôt une situation financière suffisamment confortable pour qu'il puisse racheter un château, à Courtnay, sa ville natale.
Fils d'un limonadier de Chatellerault. Il monte à Paris, s'installe au quartier latin et où il peint en série des sujets de piété dont il vit péniblement. Convaincu qu'il peut allier Art de Débit de boisson, il ouvre en 1881son premier établissement au n° 84 de l'avenue de Clichy, à l'emplacement d'un ancien bureau de poste, qu'il nomme en souvenir d'un chat noir trouvé sur le trottoir. Quelques années plus tard, gêné par la présence agitée de voyous dans les environs, il déménage rue Victor Massé, une voie située dans un voisinage proche, dans le neuvième arrondissement.
Au lendemains des événements de 1870, de nombreux cercles littéraires fleurissent au quartier latin. Les "Hydropathes" (ou "allergiques à l'eau) créé par Emile Goudeau déménage du 6è arrondissement pour prendre leur quartier général au "Chat Noir"
La noble chanson des liqueurs"
Pour s'opposer à un projet immobilier dans les années 1920, Francisque Poulbot et son amis architecte, Romain de Lahalle décident de créer en lieu et place, une aire de jeux pour enfants qu'ils baptisent "Square de la Liberté". L'idée fait son chemin et le lieu est retenu pour la plantation de deux milles plans de vignes.
Les premières vendanges du "Clos de Montmartre" situé entre la rue des Saules, Saint Vincent et le "Lapin Agile", ont lieu en 1934 en présence d'Albert Lebrun président de la République et sous le parrainage de Mistinguette et de Fernandel. Les vendanges de Montmartre renouent avec une tradition initiée par les Romains présents en leur temps sur la colline de Montmartre, et reprise par les Dames de l'Abbaye de Montmartre qui n'acceptent de laisser leur terres en fermages qu'à condition qu'on y plante des vignes dont elles perçoivent des droits de pressoirs.
Les vins s'appelaient "Goutte d'Or, la "Sacalie" et la "Sauvageonne" avant d'être regroupés sous le label " Le Picolo" de Montmartre.
Le raisin est pressé dans les caves de la mairie du XVIII. Mais la qualité du breuvage s'est considérablement dégradé depuis le XVIII è siècle. Concurrence d'autres vignobles, poussée démographique, exploitation des carrières ont nui gravement à la qualité de la production vinicole montmartoise qui ne se résume plus qu'à un prétexte pour se souvenir et se réjouir.
Aujourd'hui, la fête des vendanges, inconnue des touristes, célèbre les retrouvailles des habitants d'un village, celui du Montmartre Libre, des Compagnons de Montmartre et des confréries vineuses. Les artisans de bouche de toutes les régions de France sont invités à participer à cette grande fête annuelle.
Mais déjà la nuit s'annonce et va éclairer les parties visiblement évidentes de Pigalle