Nous nous sommes retrouvés enfin ensemble un moment, toujours trop court...
C'est lui, mon tigre du Bengale, qui m'attendait derrière la porte d'entrée. Il est venu me saluer en frottant ses joues contre moi. Pistol silencieux, le regard un peu perdu a marqué une longue hésitation avant de se hisser sur ses pattes et de venir à ma rencontre, avec une retenue inhabituelle.
Nous nous sommes retrouvés dans la douceur intime de notre petit coin de nature suspendu. Maestro d'abord a pris sa place, puis Zelda s'est risquée avec une prudente réserve à nous rejoindre. Les semaines de séparation se sont succédées : espéraient-ils encore mon retour ?
La cantinière m'avait contactée à plusieurs reprises : Pistol n'allait pas bien, se languissait sur sa couche, perdait le boire et le manger, gémissait ...
Retenue en otage par la maladie, ramenée brutalement à la réalité d'une situation arbitraire, pleurant de mon côté les conséquences éventuelles d'une séparation aussi abrupte qu'incongrue, je me prenais, dès les heures blanches du jour à craindre le pire, alors que les aiguilles venaient se ficher en moi et ponctuer un chagrin partagé.
Enfin libérée de mes entraves, mais encore arrimée pour quelques semaines à proximité de l'établissement de soins, tout a pourtant été arrangé.
La balade en taxi canin a été délicieuse en cet après midi ensoleillé. Les fenêtres de la voiture entrouvertes laissaient passer une brise délicieuse : doux réveil à la seule réalité possible après un cauchemar, liberté enfin retrouvée...
"Mais quoi, les amis n'ont pas cru bon poser le tapis rouge !"
Grande Première dans une rue huppée du seizième arrondissement : Pistol qui semble maintenant avoir retrouvé sa vitalité, se dispose à rencontrer une petite fille riche
une pulpeuse créature inaccessible...