En quête d'une destination très spéciale, dont nous préférons garder encore un moment le nom secret, nous fouinons de fond en comble les rues d' un quartier en lambeaux où un monde en gestation vient combler des béances, stigmates du passage des bulldozers.
Nous descendons d'un pas aventureux et tranquille une large voie bordée d'arbres qui parviennent à magnifier des constructions HLM toutes neuves et à accorder aux riverains l'espace vital qui ne se trouve peut-être pas derrière leurs murs.
L' ancien "Chemin de Gentilly" d'abord appelé rue de la Barrière, puis rue Payen...et enfin, rue de la Glacière a été interrompue par le tracé de la rue de Tolbiac. Elle prend dans le quartier de Montsouris le nom d'Amédée Mouchez, capitaine de vaisseau qui défendit âprement la ville du havre contre l'ennemi en 1870. L'amiral Mouchez qui nourrissant une passion pour les astres et rêvait d'établir une carte du ciel, était directeur de l'Observatoire de Paris (proche de Denfert-Rochereau)
Les rue de l'Amiral Mouchez et d'Arcueil se rejoignent à l'extrême pointe d'un bar tabac qui fait figure de bastion d'une époque dont il perpétue la vie avec beaucoup de naturel. La pointe du bâtiment évoquerait également une flèche de direction vers un monde nouveau encore en cours de gestation.
Les rues sinueuses descendent toutes, de Montsouris vers le quartier de Rungis, telles des rigoles, sans précipitation, elles marquent des hésitations, frétillent et se redressent, suivant approximativement le tracé des derniers méandres squelettiques de la Bièvre remblayée dans les années 1930
La rue d'Arcueil recèle de petits coins insoupçonnés qu'elle renâcle à nous livrer. Dans l'intimité d'une coure se niche une maison entourée d'un jardin. Les constructions collectives semblent avoir été conçues pour ne pas anéantir la survivance rurale du quartier.
Nous avons remonté l'abrupte inclinaison de la discrète rue d'Arcueil, pour le plaisir de la flanade, mais aussi, pour faire durer un peu l'attente de notre bouquet final
Les petites maisons de ville défilent doucement au gré de nos pas, guichets de porte et volets clos.
Quelle tempête viendra perturber l'engourdissement de ces foyers ? Leur destinée paraît incertaine : ensevelissement ou renaissance ?
Leur faisant face, un rideau végétal sépare fort à propos deux mondes : l'ancien et le nouveau. Un immeuble contemporain, s'est implanté. Il est sobre et se confond dans une neutralité pardonnable.
Comme prévu, la rue de Rungis mène à une place circulaire du nom de Rungis
Nous ne prendrons pas la peine de chercher à savoir pour qui la porte d'entrée de cet abri s'était ouverte toute grande .
Sur la plaque de cuivre encastrée dans le mur, sont gravées des lettres qui forment ensemble le mot "orchidées"
Serait-ce l'indice que nous atteignons la destination recherchée ?
Selon toute vraisemblance, la cité florale serait toute proche.
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