Mes promenades avec Pistol, bouledogue français ; sa vie, ses amis chats, chiens, vaches et chevaux. Balades insolites dans Paris et ses environs. Nos voyages, nos lectures, nos loisirs.
Dans l'espoir de retrouver l'ancien Chemin de Fer tombé dans l'oubli, au même titre que l'agonisante gare Masséna, nous nous sommes engouffrés sous un tunnel qui s'efforce de maintenir, en suspension entre deux mondes, la défunte ligne ferroviaire,
et débouchons, ébahis, sans rencontrer âme qui vive, sur une portion du boulevard Masséna qui franchit impérieusement, d'une seule enjambée, un gigantesque noeud de voies ferrées. Le seul élément notable dans ce paysage de désolation apparaît sous la forme d'une ligne brisée : les toitures de hangars SNCF en enfilade.
Le pont à haubans sur lequel progressent de petites autos, n'est autre que le boulevard périphérique extérieur qui mène à Ivry. Inondé de soleil, il prend de teintes roses et encadre de bleu un réseau arachnéen .
Subtilités des coloris sur fond désordonné de béton et d'acier, hérissé de lignes haute-tension, de pitons dissuasifs..
Douceur d'un crépuscule de printemps qui vient tempérer l'agressivité et le fracas d'une zone interdite.
Nous suivons fidèlement le tracé désaffecté de la voie ferrée initialement destinée au parcours de la Petite Ceinture, et marchons à ses côtés en traversant le Pont National, laissant derrière nous la Bibliothèque François Mitterrand, flanquée de son enceinte futuriste. Nous surprenons le passage d'une péniche qui s'achemine droit devant, en direction du Pont de Tolbiac .
En chemin, nous saluons un sémaphore émaillé de rouille, qui toujours dressé, s'ingénie à sauvegarder ce qui lui reste de dignité.
A mesure que nous progressons, apparaissent de fantomatiques bâtiments aux façades calfatées, maculées de hieroglyphes dont le message, dans son ensemble nous parait hermétique.
Détournant notre regard, nous retrouvons, à portée immédiate, un signe d'activité tangible, qui de loin déjà, aux confins de la Dalle de Paris-Rive-Gauche, nous laissait espérer encore quelque manifestation de vie terrestre.
Face à l'éclatant îlot de Paris Rive-Gauche, jouxtant sur la rive droite de la Seine, d'indifférentes édifications modernes, le monde ancien de la Gare Frigorifique de Bercy s'étiole dans l'abandon. Les portes des locaux se sont refermées sur des containers encore prêts pour le service. Qui s'en souviendra désormais ? Quel est l'avenir de ces édifices aux vitres brisées ?
Restant fidèles au tracé de l'ancien Chemin de Fer, nous longeons désormais le Boulevard Poniatowski, une artère à grande circulation en travaux. Masqués par des tailllis, des voyageurs sans bagages. En l'espace d'un court instant, la vue d' un convoi parvient à nous illusionner. Il ne quittera pas le quai.
Poste de garde, où les regards perdus d 'éventuels occupants, abandonnés sur le bord de la route, scrutent au jour le jour, l'horizon dans l'espoir de voir surgir dans leur vie l'annonce improbable d'un changement de direction.
Châteaux qui autrefois alimentaient en eau les locomotives à vapeur, aujourd'hui réquisitionnés par les graphistes pour servir de supports à d'éloquentes déclarations.
Le temps passe et s'annonce l'arrondi futuriste de nouveaux hangars SNCF.
La voie se ferme à nous. La nuit tombe...
Nous ne pouvons, en l'état que revenir sur nos pas
et regagner nos foyers.