Mes promenades avec Pistol, bouledogue français ; sa vie, ses amis chats, chiens, vaches et chevaux. Balades insolites dans Paris et ses environs. Nos voyages, nos lectures, nos loisirs.
Champs maraîchers, forêts ... le faubourg du Roule s'est transformé : village absorbé, urbanisé, montagne rabotée
Les Champs-Elysées ont cessé d'être le rendez-vous de chasse que Jean-Jacques Rousseau évoque avec émotion, ou le chemin de pèlerinage qui menait à l'abbaye de Longchamp. La classe bourgeoise montante (majoritairement banquiers et industriels) du Second Empire l'a investie en la bordant de spacieux immeubles haussmanniens, de belles boutiques... Depuis lors, "les champs" se sont démocratisés en restant fidèles à leur vocation : promenade et détente.
En 2010, signe des temps, la misère s'étale sur les larges trottoirs, à la sortie des fast food, en face des salles de cinéma. Les SDF comptent sur la compréhension tacite des chefs d'établissement pour récolter quelques sous des touristes huppés avant de regagner Nanterre ou Montreuil..
En ces temps de "vaches maigres", plus que jamais pourtant, "la plus belle avenue du monde" semble vouloir chaque jour davantage favoriser l'accueil de grandes surfaces marchandes favorables à l'exportation du luxe : les loyers exorbitants chassent les commerces de proximité et les salles de cinéma qui draguaient habitués du quartier et habitants des contrées plus lointaines, ont depuis dix ans, vu leur nombre diminuer de moitié. On chuchotte même que la célèbre grande salle UGC songerait à s'établir ailleurs...
Tranchant sur l'homogénéité des immeubles haussmanniens, une structure désignée sous le nom de "42 C"...C comme chevron, accroche le regard. C'est bien ici, au n° 42, que le fabricant d'automobiles Citroën a désormais installé sa devantaure depuis 2007 .
Sur le trottoir d'en face, Renault s'était déjà établi, depuis 1911.
A l'aube du vingt-et-unième siècle, le "Pub Renault" qui depuis les années 1960 ralliait les habitués et les passionnés, ferme ses portes ; l'espace est réaménagé : finis les repas servis aux visiteurs assis sur les banquettes de cuir d'anciennes voitures, exit le bar convivial où on consommait au pied levé ; le tout-en- métal, pragmatique, minimaliste et clinquant a pris place...
Novembre : la nuit et le froid vont tomber sur Paris.
Allons-nous succomber aux macarons Ladurée ?
Les regards se tournent en direction d'un "jardin d'hiver" très dix-neuvième révisé. On est un peu tentés de se mettre au chaud, là où des convives déjà attablés devant un encas tendre et onctueux, savourent la douceur d'un moment..
Sur le versant opposé de l'avenue la façade néo classique de l'Hôtel Claridge est baignée de soleil. L'hôtel, construit en 1912, a fermé ses portes dans les années 1970, après avoir mis aux enchères ses accessoires, vaisselles et memorabilia... Il a depuis lors été racheté et rénové.
En remontant toujours le trottoir de gauche en direction de l'Etoile, faisant face à Louis Vitton, nous gagnons le célèbre Fouquet's, au n° 99, censé représenter "le summum de l'esprit brasserie à Paris". Les menus déjeuner s'affichent à 120 Euros et proposent Champagne et foie gras servis dans la salle classée monument historique, ou plus simplement en terrasse ...
Le Fouquet's qui a fait jaser aux lendemains des élections présidentielles de 2007, est surtout le point de ralliement des artistes du Septième Art. Dans les années 1930, on installe une salle de cinéma. Dans les années 1950, la "nouvelle vague" s'y prélasse... Une fête s'y tient chaque année pour célébrer la cérémonie des Césars.
La Brasserie fondée en 1889 par un certain Louis Fouquet, arrachée in extremiste dans les années 1980, aux mains de financiers qui voulaient le transformer en centre commercial, a encore fait couler de l'encre depuis quelques années : La famille bourguignone d'une certaine Lina Renault qui se prétend héritière du restaurant s'oppose au groupe Barrière, le propriétaire actuel, numéro un des exploitants de casinos en France. Une affaire chargée de rebondissements ...
Du 100 rue Réaumur ... le journal "France Soir", fondé aux lendemains de la deuxième guerre mondiale par les deux résistants, Robert Salmont et Philippe Viannay, "le seul quotidien qui se vendait à plus d'un million d'exemplaires", retiré quelques années à Aubervilliers après la mort de "Pierrot La Bretelle" (Pierre Lazareff) lors de sa reprise par le groupe Hersant, a pris place depuis 2009 ...au n° 100 de l'avenue des Champs Elysées.
L'immeuble qu'il occupe, à l'angle de la rue de Berri, se veut un exemple écologique avec ses larges murs qui asurent une isolation thermique efficace et qui scintille de ses dix-mille lampes LEDS dès la tombée de la nuit
"Ils descendent la montagne à cheval..."
La "voie royale" continue de raconter l'histoire au gré de ses défilés militaires.
Le soleil se disperse dans un halo de rose. Le spectacle fait fie des galeries marchandes et music-halls où je m'étais laissée glisser l'an passé, un soir de décembre "La plus belle avenue du monde"