Mes promenades avec Pistol, bouledogue français ; sa vie, ses amis chats, chiens, vaches et chevaux. Balades insolites dans Paris et ses environs. Nos voyages, nos lectures, nos loisirs.
Le soir où je me suis glissé
dans leur intimité familiale, l'accueil qui m'a été réservé a été des plus circonspectes.
La Patrone de l'auberge me trouva beau et de manières affables. Elle m'ouvrit sa porte, m'offrit généreusement gîte et couvert, pour quelques jours seulement. Je m'ingéniai à observer les rites de politesse les plus exquises, la discrétion la plus absolue.
Une panthère noire comme la suie me toisa d'un regard inquisiteur.
Tino, arrivé dans les mêmes circonstances, montra une attitude plus compréhensive, mais opta pour la prudence.
La véritable épreuve d'initiation me fut infligée par le maître de céans, toujours à l'affût... Les yeux exorbités, il m'intima, borborigmes à l'appui, l'ordre de ne jamais m'approcher de la Patrone (qui lui appartenait) et me tenir à distance respectueuse. Le ton de sa voix marquait une antipathie sans équivoque. Mais il s'assoupit bientôt...ne dormant néanmoins que d'un oeil !
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Elément exogène, je fis en sorte de rétrécir, afin de m'enfouir dans le coin le plus reculé du logis. Mes flancs tristement concaves s'y prêtaient, mais ma queue en panache me trahissait toujours. J'étais émacié : la Dame du logis s'en est émue et m'a prise sous sa protection.
Au début de mon séjour, des questions fondamentales se sont posées : Zelda, la maitresse de maison, déjouant la vigilance de la Patrone, se précipitait sur mon assiette après avoir boudé la sienne. Nous avons depuis trouvé un modus vivendi
La question le plus épineuse a concerné la répartition du territoire.
Qui allait dormir avec qui ?
Le nid est l'endroit névralgique où tout se lie ;
un radeau sécurisant...où on traverse tous ensemble les écueils de la nuit.
Je ne devais prendre pension que quelques jours... Et pourtant
dans la molle épaisseur du linge frais, j'ai trouvé mon bonheur tranquille.
Je m'y suis installé.
Ne dit-on pas que le temporaire tend à devenir définitif ?
Elle a fait semblant d' hésiter longuement...
Allais-je être admis comme membre à part entière de la Tribu ?
Renseignement pris, il s'est avéré que mes ports d'attache s'étaient évanouis. Libre comme l'air, mon passé mystérieux a cessé d'alimenter les polémiques à mesure que je devenais plus proche chaque jour.
Elle s'est longuement demandée quel pourrait bien être mon nom : Minougris ? Mon regard n'approuvait pas. Tigrou-tigré ? trop réducteur ! Je me suis superbement étiré et lui ai balayé le nez de mon panache. Voilà qui provoqua en elle un déclic
Mon nom est Maestro !