Mes promenades avec Pistol, bouledogue français ; sa vie, ses amis chats, chiens, vaches et chevaux. Balades insolites dans Paris et ses environs. Nos voyages, nos lectures, nos loisirs.
Le port de Tolbiac est vide et silencieux le péniches chargées de blé des régions de Beauce, de Champagne n'assurent plus leur va et vient. Pelleteuses et trafic grande vitesse remplacent désormais les camions qui autrefois livraient grands moulins et industries présents et actifs sur le quai.
Là où s'arrêtent les pistes cyclables un pavillon en détresse apparente au milieu de la circulation. Comme un malheur ne vient jamais seul, il est flanqué d'un panneau publicitaire qui ironiquement, vante les mérites d'une chambres d'hôtel standard toutes commodités comprises pour des prix étudiés. Le propriétaire de la maison se sent-il chez lui ailleurs ?
Paupières closes, teint décoloré, la petite maison sur la voie express se résigne à sa destinée, et se laisse partir doucement
Parvenus à gagner le Pont National qui joint les deux rives de la Seine, nous saluons une dernière fois notre "petite maison" perdue.
Rue Watt, paradoxalement sinistre et mal éclairée il n'y a pas encore si longtemps : une voie déserte, enjambée par des trains qui faisaient vrombir les passerelles, et par des gares aux marchandises théâtres de règlements de compte, et où malgré tout, Boris Vian caressait le rêve improbable d'acheter son petit coin où faire pousser des tomates...
La couleur a remplacé le noir et blanc accentuée par la crépuscule sur les construction cubiques bien ordonnées
Couleurs riantes qui jouent avec les volumes, enfilades d' immeubles qui ressemblent à des patchworks géants mais dont la taille est à la mesure de l'homme ordinaire, interrompues par l'émergence toute nouvelle de "clubs" boulangeries, sandwicheries, panini et compagnie... itinéraires rectilignes, voies parallèles et perpendiculaires... Dans la "ville nouvelle" viennent s'installer en grande majorité des cadres célibataires aux revenus confortables.
Nous ne sommes pas transplantés dans une quelconque ville outre Atlantique, mais bien à Paris-Rive Gauche qui renaît des décombres d'un passé dont le coeur palpite encore ...
Champs de bataille hérissés de picots dissuasifs où les tons rouges et or se déclinent sur fond ocre et vert passé, où passerelles et échafaudages flottent sur des reliefs accidentés de terre brûlée. En ce dimanche après midi seule la présence inébranlable de puissantes machines semble trahir une activité humaine. Au loin, un pont suspendu semble tenir miraculeusement au-dessus de la mêlée chaotique. Il supporte en réalité, le boulevard périphérique extérieur qui incidemment relie Paris Massena, ancienne plaine d'Ivry, à sa mère patrie.
Il parait risqué de s'aventurer plus avant dans les entrailles en fusion d'un no man's land . Prisonniers d'une invincible armée de barricades, dans l'impossibilité de poursuivre notre route, nous sommes contraints de biaiser et de rejoindre la rue des Grands Moulins, parallèle à l'immense zone de travaux qui colonise le quartier , dans l'espoir de retrouver en chemin, en revenant sur nos pas, quelques traces d'un monde englouti.
D'or et de diamant, sous bonne garde de deux cerbères dressés sur fond azur, le nouveau parvient à pactiser avec l'ancien...