Des amis véritables m'ont proposé de terminer ma convalescence dans la chaleur amicale de leur foyer. Ils sont établis de longue date dans l'Ouest de Paris, dans une zone particulière, qui a fait couler beaucoup d'encre.
La météo s'annonce aussi douce que la petite balade en voiture. Nous venons de contourner la pointe de l'Ile Seguin qui, depuis le début du XX siècle abritait les ateliers des usines Renault, et filant droit devant, nous empruntons la rive opposée à Meudon bordée d'arbres, qui laissent passer la douceur de l'après-midi, tandis que des péniches reconverties en restaurants, oscillent doucement au gré des imperceptibles mouvement de la Seine.
Par moments, nous jetons quelques coups d'oeil furtifs vers le côté conducteur : paysage de désolation, où s'égrainent ça et là, des pans de murs, reliquats d'ateliers industriels, dont les béances présentent encore des questionnements, encore secoués d'âpres polémiques concernant le réaménagement de l'Ile Seguin, proposé par Jean Nouvel).
L'architecte en charge avait pour idée initiale de transformer le lieu industrieux en un ambitieux complexe d'affaires international où s'intégreraient des tours atteignant une centaine de mètres qui regrouperaient principalement bureaux, hôtels et résidences d'habitation. Certains élus se mirent à considérer favorablement le projet qui présentait à leurs yeux l'avantage de dynamiser l'économie de la région, tandis que les riverains s'opposèrent farouchement au bétonnage.
Jean Nouvel doit encore "revoir sa copie" : jardins et espaces culturels ont depuis lors été conçus pour modérer l'implantation, agressive des tours. Les projets d'aménagement des terrains toujours en friches de l'Ile Seguin, d'abord rêvés par François Pinault pour y exposer ses collections, puis destinés à l'implantation de la Maison de l'Histoire de France, tous deux jugés trop coùteux, ayant été abandonnées.
Dans les limbes, des toits de chapiteaux se sont dressés : l'opération "Cirque en Chantier" donna pour le moment, aux terrains en friche une vocation d'accueil pour les spectacles nomades : Bouglione a d'abord donné le coup d'envoi, le Cirque du Soleil lui a emboîté le pas. Aujourd'hui, un cirque russe présente ses numéros...
Plus loin, la Tour Eiffel inévitable où que soient les cimes des collines environnantes, est bien là, et présente en bon ordre, les ponts de Paris, du nouveau aux plus anciens : ici, s'esquive rapidement le Pont de Grenelle...
Le Pont Rouelle...abandonné après l'Exposition Universelle, réutilisé des nos jours par le dit "RER" ...
Et voici, à présent, le Pont Bir Hakeim, mais nous ne faisons que passer...
A l'ombre de la "bergère" chantée par Apollinaire, mon coeur vient de me rappeler d'urgence aux côtés de Pistol et de sa tribu...