"Les grandes âmes ont de la volonté, les faibles n'ont que des souhaits (proverbe chinois)
(Pistol)
Les balades de Pistol, bouledogue français.
Son amitié avec Zelda, petite chatte toute noire
Un ami est toujours un extra-terrestre
Qui nous permet de dévier de notre parcours quotidien
A là découverte d'un ailleurs inaccessible.
Etre l'ami de quelqu'un signie qu'on le comprend au-delà de apparences
Nous nous sommes retrouvés enfin ensemble un moment, toujours trop court...
C'est lui, mon tigre du Bengale, qui m'attendait derrière la porte d'entrée. Il est venu me saluer en frottant ses joues contre moi. Pistol silencieux, le regard un peu perdu a marqué une longue hésitation avant de se hisser sur ses pattes et de venir à ma rencontre, avec une retenue inhabituelle.
Nous nous sommes retrouvés dans la douceur intime de notre petit coin de nature suspendu. Maestro d'abord a pris sa place, puis Zelda s'est risquée avec une prudente réserve à nous rejoindre. Les semaines de séparation se sont succédées : espéraient-ils encore mon retour ?
La cantinière m'avait contactée à plusieurs reprises : Pistol n'allait pas bien, se languissait sur sa couche, perdait le boire et le manger, gémissait ...
Retenue en otage par la maladie, ramenée brutalement à la réalité d'une situation arbitraire, pleurant de mon côté les conséquences éventuelles d'une séparation aussi abrupte qu'incongrue, je me prenais, dès les heures blanches du jour à craindre le pire, alors que les aiguilles venaient se ficher en moi et ponctuer un chagrin partagé.
Enfin libérée de mes entraves, mais encore arrimée pour quelques semaines à proximité de l'établissement de soins, tout a pourtant été arrangé.
La balade en taxi canin a été délicieuse en cet après midi ensoleillé. Les fenêtres de la voiture entrouvertes laissaient passer une brise délicieuse : doux réveil à la seule réalité possible après un cauchemar, liberté enfin retrouvée...
"Mais quoi, les amis n'ont pas cru bon poser le tapis rouge !"
Grande Première dans une rue huppée du seizième arrondissement : Pistol qui semble maintenant avoir retrouvé sa vitalité, se dispose à rencontrer une petite fille riche
une pulpeuse créature inaccessible...
Nous avons supporté la pluie
des jours, et des nuits durant
et gagné
UN ARC EN CIEL...
Le vent a chassé les nuages, la dépression a mis les voiles, et
Il est apparu
Au coin de notre rue...
" si un arc-en-ciel dure un quart d'heure,
on ne le regarde plus."..
Pour Elle, les signes vitaux sont au ralenti : maux de tête, insomnies, anémie, anorexie, asthénie...
Pour Moi, le moral enterré sous le canapé.
Il pleut et vente en continu. Cela fait des jours et des jours, des semaines, peut-être des mois, des années, qui sait...
"Anne, ma soeur Anne, ne vois-u rien venir !
- Oserais je poser un morceau de patte quelque part pour frôler le coussin à ma portée...
- Aurais- je l'audace de sortir un bout de museau de sous la couette, bâclée sens dessous-dessus, ou devrais-je plutôt m'enfouir tout entier dans un repli indéfini de la couverture... mais lequel choisir...Faute de mieux, faute de rien, on se terre : Ne pas déranger, ne pas être dérangés...
On ferme les yeux , et on s'enfonce dans des profondeurs anonymes, intemporelles ... Leur neutralité met à l'abri du mal de tête lancinant, des forces vitales qui se désespèrent, et des incessantes vociférations des rafales.
Un Etat de grâce où "le bonheur est l'absence de souffrance"...Alors, pour tromper l'ennui, pour changer le cours des événements, on tente d' esquisser
un coup de manivelle à droite,
une roulez-boulez à gauche,
On est même allés VOTER, on a tout essayé :
Mais R.I.E.N...
On prend des vitamines, des minéraux, des oligo-aliments...
On attend
que cesse le murmure obsédant de la pluie
et que se taisent les rafales.
On espère ... desespérément
Quand pourrons-nous ressortir et revoir pour de bon, et tout simplement... la lumière du jour ?
Pluies en suspension, rafales de vent visqueuses..C'est novembre en avril à Paris.
Tout pourtant était fin prêt pour la fête ou presque...
Les volets de nos étroites fenêtres sur le monde, suturés depuis des temps immémoriaux, sont restés clos, pour quelques jours encore, quelques semaines peut-être...
Les vitres, depuis des mois occultées par un voile monochrome, figé au statique entre blanc et noir, ont été lavées avec ardeur en prévision du Grand Jour qui devrait voir surgir des couleurs vivifiantes, et libérer des lueurs d'espoir, encore prisonnières.
Mais, le soleil, tapis dans des lieux inaccessibles depuis la saint-Martin, n'a fait que de fugitives apparitions, au gré d'interminables tergiversations entre chantages et révoltes, doutes et détermination, enthouiasme et résignation. Attend-il encore l'assaut final du légendaire trio de glace Saint Pancrace, Saint Mamert, et Saint Gervais, dont le patronage n'est pas souvent favorable, ces saints que Rabelais décrivait comme des "Gresleurs, geleurs et gasteurs de bourgeons", ou encore, attend-on à échéance plus lointaine, les prédictions peu fiables et controversées de ... Saint Médard ?
Dans l'attente de voir poindre des jours meilleurs
On tente , comme nous y invitait Cocteau, de redécouvir enfouies au plus profond de soi, des possibilités oubliées :
"TRAVERSER LES MIROIRS !"
La machine est à l' atelier pendant quelques jours...
Nous restons a proximité... et allons nous offrir une petite cure de repos, faire le plein de photos, même si nous n'allons pas bien loin.
Soyez sages, nous reviendrons vite!
et il vit que cela était bon.
Mais qui se mêla de décréter des "changements d'heure ?
Chez nous, nous nous y refusons fermement.
Je n'ajouterai rien !
A force d'en solliciter ne serait-ce que l'esquisse d'un mouvement, la porte du balcon a fini par céder a nos appels, et s'ouvre maintenant, comme par enchantement, de plus en plus librement sur le monde. Nous en avions presque oublie les couleurs les exhalaisons, les vibrations acoustiques... Pourtant aux tréfonds d'une suspension narcoleptique imputable a la morte saison, leurs souvenirs, par a coups, parvenaient a nous tarauder.
Peu a peu, par petites tentatives renouvelées, nous testons l'air et reprenons contact avec nos repères d'odeurs évanouies dont nous avaient séparés de longues semaines d'immobilité hypnotique.
Réveil en douceur après un long long sommeil : caresses du soleil, pas encore trop ardent, gazouillis des étourneaux encore tout neufs, et peu affirmes
Notre quartier d'été n'est plus tout a fait le même, mais nous allons y retrouver nos marques . Déjà, de jeunes pousses qui ressemblent a de tenus fils de soie se dressent timidement dans les ornières qui marquent la disparition d' infortunes résidents, ceux qui n'ont pas résisté aux frimas polaires.
Je hume un par un les souffles prometteurs de la belle saison. Vibrisses en alerte, je surveille attentivement la progression des bourgeons encore fermes comme des poings sur eux-mêmes, et gorge mes prunelles en extase, de rayons lumineux.
Concentres sur nos retrouvailles , nous nous émerveillons encore cette fois de la renaissance éternelle, ponctuellement renouvelée au fil du temps.