Rue Philippe de Girard une longue voie à cheval sur les dixième et dix-huitième arrondissements et mène au quartier de "La Chapelle" en suivant le courant de méandres de fer.
Philippe de Girard (1775-1845) est un ingénieur-mécanicien français, issu d'une famille de bourgeoisie protestante aisée originaire du Vaucluse. Collégien enthousiaste, il s'inscrit à l'Université de Montpellier pour y suivre des cours de chimie, tout en ressentant de l'attrait pour des activités artistiques (il réalise le buste de son père). Mais éclate la Révolution : la famille est contrainte de s'expatrier en Suisse, tandis que Philippe et son frère Charles se réfugient à Livourne (Toscane) avant que l'Empire ne permette à Philippe de regagner Paris et de laisser libre cours à sa créativité scientifique : il commence à à tirer partie des ressources de la vapeur). Son nom reste associé à l'invention de la machine à filer le lin.
Les mouvements artistiques du début du vingtième siècle ont imprimé leur sceaux sur ce bâtiment désaffecté, ancien entrepôt SNCF.
Au coin de la rue où ne se risque aucun commerce, et où seules quelques silhouettes se profilent, une caserne de pompiers apparaît sans vie ou presque...
Soleil couchant ou feux follets apparaissent à travers les lucarnes
Sur la rive opposée, la blancheur d'un salut qui entoure ce havre insolite au milieu de la ferraille ne rassure pas tout à fait.
Nous avons rebroussé chemin et laissons derrière nous ce paysage fantomatique pour gagner l'embouchure du flux ferroviaire, un lieu plus palpable que nous abordons avec soulagement
Traversé de cette place récemment honorée d'une plaque à la mémoire de Dulcie September, militante anti apartheid en Afrique du Sud, tombée à Paris sous une rafale de coups de fusil.
Dans le hall des attentes, la Gare de l'Est, est coiffée d'une verrière métallique. L'amalgame inextricable de fer confond ciel et terre
Simples passagers parmi les voyageurs au long cours, nous voici libres de nous épancher à notre guise sur les passages en arcs "Art Nouveau"
de découvrir les moindres recoins,
...et d'admirer longuement la rosace du hall Est
et celle du hall Ouest...
La Gare de l'Est, conçue par l'architecte François-Alexandre Duquesney et par l'ingénieur Pierre Cabanel de Sermet est ouverte en 1847 par la Compagnie ferroviaire Paris-Strasbourg. Elle ne comprend alors-que deux quais abritées sous un hall.
Elle est inaugurée en 1850 par Napoléon III sous le nom "d'embarcadère de Strasbourg".
La compagnie de chemin de fer obtient la concession de la ligne Paris-Mulhouse et prend le nom de Compagnie des Chemins de Fer de l'Est : Deux voies supplémentaires, destinées à desservir cette destination prennent place à l'extérieur du hall. "L'Embarcadère de Strasbourg" prend alors le nom de Gare de l'Est en 1854
La gare ne cesse dès lors de s'agrandir et connaît d'importantes transformations. Elle compte bientôt une trentaine de voies dont la plupart s'arrêtent à l'extérieur, en deçà du hall. Des travaux d'agrandissement sont envisagés.
Dans les années 1920, elle est dédoublée par un fronton Est construit à l'identique par l'ingénieur Bertaud. Elle se présente alors sous les apparences que nous lui connaissons aujourd'hui.
Le jour du 4 octobre 1883 est marqué par le premier départ du mythique "Orient Express" pour Constantinople...
Entre les deux corps de bâtiments Est et Ouest, s'étire la "salle des correspondances" : trois lignes de métro se rencontrent sous cette dalle animée, colorée et illuminée. La Gare a subi un déclin de fréquentation avant que ne s'annonce la création de nouvelles dessertes TGV vers l'Est. Ce rebond de vitalité lui a valu de récentes rénovations, dont la transformation de cet espace autrefois réservé aux traitement des bagages.
Pour faciliter le trafic des voyageurs des destinations plus lointaines,
les banlieusards sont désormais invités à emprunter la toute nouvelle gare de RER "Magenta"
La Station de Métro porte le nom de "Gare de l'Est - Verdun", un rappel discret des jours héroïques de nos "Poilus".
Rénovée récemment, elle a troqué son décor "Motte"(orange et jaune), contre le carrelage traditionnel de faïence blanche et
Dans le hall Est, un tableau monumental signé Herter (et récemment restauré) rappelle que de cette gare a été à deux reprises, en 1914 et 1939, le théâtre
de départs sans certitude aucune de retour des troupes françaises vers l'Est.
Attentes fébriles, bonheur de retrouvailles .
Parfois l'époux, l'enfant, le père ne paraissait pas...
n'arriverait plus jamais !
Douceur des lueurs, passages anonymes et silencieux, reflets de pas sur le sol, silhouettes fugitives, bribes de conversations, arrêts sur images, clair-obscurs, un bal perpétuel ...
Vivacité des couleurs, fraîcheur toute neuve des bâtiments, portes ouvertes sur la passé ou sur l'avenir, mémoire des lieux, émotions partagées,
fleurs d'acier, rouge voluptueux, coeur perdus, sourires retrouvés...
Le fronton Ouest est coiffé d'une sculpture symbolisant la ville de Strasbourg qui a été réalisée par Henri Lemaire, (1798 - 1880 -natif de Valenciennes, il fut reçu aux Beaux-Arts et réalisa également la fresque "Le jugement Dernier" qui orne le fronton de l'église de la Madeleine.
Sur le fronton Est, en vis à vis, une autre sculpture réalisée par Henri Varenne sculpteur tourangeau , représentant la ville de Strasbourg lui fait pendant.