Lampions rouges et banderoles or habillent aujourd'hui la Place d'italie de couleurs nouvelles. C'est Nouvel An, a deux pas d'ici, dans le Quartier Chinois. Les festifs oriflammes viennent souffler un vent de gaieté sur un décor devenu un peu morne au fil des mois, fondu dans une désespérante grisaille qui, jour après jour, rasait la cime des immeubles parisiens.
La place est étrangement déserte en ce dimanche après midi. Il est vrai qu'il y fait un froid glacial
J'ai intercepte une passante au hasard...
Est-ce bien aujourd'hui ...
Elle a paru tomber des nues...
"Je ne sais pas. Il doit se passer quelque chose, une manifestation, sans doute", s'est-elle hasardée.
Il m'a suffi de parcourir la portion de trottoir qui forme un angle et trace un quartier de place, pour réaliser que le monde entier, que je croyais disparu, s'etait replie avenue de Choisy...
Et voila du rouge.... Mais les lampions qui glissent au ras des tètes dans un recueillement presque solennel n'évoquent aucun discours revendicatif. L'exubérance populaire n'est pas de mise, pas plus que la gouaille qui accompagnent d'ordinaire partout en France, nos commémorations ou passages initiatiques.
Les commerces qui bordent cote a cote, l'avenue de Choisy ont baisse leurs rideaux. On trouverait difficilement a se réchauffer dans un café, ne serait-ce que pour commander un thé. Il semble que tout ait été méticuleusement prévu pour assurer des conditions de sécurité indéfectibles en ce grand jour. Au petit bonheur, fleurissent de gigantesques bouquets : ce sont des ballons qui représentent de figurines hétéroclites ; il y en aura pour tout le monde...
Un convoi charge d'une troupe de musiciens portant cymbales glisse presque en silence parmi les voyageurs du Temps.
Un autre passe, portant un globe terrestre que caresse une hôtesse tout sourire dans son kimono de polyester. Malgré les conditions météorologiques réfrigérantes, on ne perd pas de vue les affaires
On attend l'Evenement, on piétine sur place pour tromper l'heure qu'il est et le temps qu'il fait. On se prend a jouer des coudes, et on tente subrepticement de gagner quelques centimètres sur une invisible limite la chaussée doit être dégagée pour faire place a l'An neuf.
Le jaune et le rouge d'une fougueuse créature fendent la foule : le dragon au sourire mutin parait dans un crépitement de pétards, les halos de fumée envahissent l'avenue de Choisy, mais se dispersent instantanément.
Bientôt apparaît son protagoniste d'une blancheur transparente ; il le double en ligne droite ; tous deux ondoient alternativement entre les épaules de passants avant de se retourner brusquement sur eux-mêmes, pour se transformer en flammes et de se redéployer sous des regards attentifs des badauds. Des silhouettes solitaires arpentent les trottoirs, de tranquilles promeneurs ployant sous leurs appareils photos hyper sophistique qui ressemblent a des kalashnikov
Les derniers dragons fretillent. De taille plus modeste, ils savourent l'espace et le plein air...
Le cortege et ses couleurs prennent conge de nous, laissant la rue de Tolbiac en noir et blanc. Mais la fete se poursuit ailleurs ....
Nous venons de retrouver les entrailles de Paris, ou un ralentissement du trafic sur l'ensemble de la ligne, est annonce, en raison d'une affluence exceptionnelle de voyageurs.
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