La pluie nous prend de vitesse et s'infiltre insidieusement dans les moindres replis de nos vêtements.
Nous venons de nous engouffrer dans une galerie...
Les murs chaleureux ont accueilli des fresques aux couleurs vives.
J'y vois des effets de tissage
et goûte pleinement la volupté d'un contact avec la matière.
Je viens de retrouver avec plaisir l' état de grâce de l'enfant qui plante avec enthousiasme les graines de l'espoir
où assemble les triangles colorés de son jeu de construction
ou livre ses essais à l'écriture.
Je me suis laissée emporter par un élan vital, des profondeurs vers les cieux, un hymne aux bâtisseurs de cathédrales
le travail, la ville, la vie toute en couleurs
A l'abri de la pluie et des foules , déambulant à l'envie au milieu des tableaux de céramique dans les spacieux couloirs du métro Champs-Elysées-Clémenceau, à la corespondance des lignes 1 et 13, nous n'avons pas vu passer l'heure
Les fresques réalisées en 1995, portent la signature de Cargaleiro un artiste apprécié tant en France (où il vit depuis 1957), que dans son pays d'origine (le Portugal), ou en Italie (au Musée Vietri) où il exerce toujours.
Né en 1927 au Portobellol, Manuel Cargaleiro montre très tôt des dispositions pour la céramique comme pour la peinture : on ne manque pas de remarquer que son oeuvre allie ces deux passions. Autodidacte, il réalise des carreaux de faïence selon une technique importée par les envahisseurs musulmans dans la péninsule ibérique depuis plus de cinq siècles, et connue sous le nom d'Azulejo.
Palais de l'Elysée, Place Georges Clémenceau, Grand Palais, Palais de la Découverte, Champs Elysées, boutiques, bars et cinémas se trouvent au-dessus de nos têtes...
Après tant de pas, il tarde d' enlever ses chaussures et de s'installer paisiblement sur les canapés Ikea qui semblent avoir inopinément remplacé les bancs coquilles...