Au menu des festivités annuelles organisées pour admirer les richesses de notre Patrimoine, ne figurait pas la pluie qui s'est abattue par rafales à plusieurs reprises sur les interminables files de badauds stoïques devant l'adversité .
Aux abords de la place de la Concorde, succédant de façon abrupte au soleil glorieux, quelques gouttes pernicieuses annoncent un déluge.
Sur fond de ciel plombé, des créatures venues de loin, chaussées de patin à roulettes et vêtues de survêtements lumineux, ouvrent une marche soutenue : leur surprenante apparition parvient en quelque sorte à satisfaire cette recherche d'insolite que chacun espérait d'une journée un peu particulière.
Au débouché de la rue de Rivoli, trois policiers armés de rollers ont déjà surgi, et se sont gaillardement précipités sur la place historique, préoccupés de modérer les ardeurs : l'armée désordonnée des jaunes s'épaissit à vue d'oeil, sans se laisser perturber par les turpitudes météorologiques et se répand sur la place de la Concorde.
Les gouttes s'alourdissent, deviennent franchement envahissantes. Les rollers accélèrent le pas, peut-être davantage éperonnés par un besoin légitime de se mettre à l'abri, que par l'ambition de franchir glorieusement une ligne d'arrivée.
L'averse se précipite au sol : Tour Eiffel et Obélisque, qui en la circonstance semblent vouloir se rapprocher l'une de l'autre, tendent à disparaître derrière l'opacité des nuages.
Paysage de désolation... la bouche généreuse du métropolitain nous convie avec bienveillance dans la tiédeur de ses dédales.
Nous les parcourons de fonds en combles, prêtons un regard attentif aux panneaux de direction qui nous canalisent dans d'étroits boyaux de céramique, plus tortueux les uns que les autres, escaladons des volées de marches, puis dévalons de vertigineux escaliers qui chutent en cascades...
sans même parvenir, en fin de course, à trouver un quelconque poinçonneur aux Lilas ... pas plus que les tapis de confettis, qui autrefois égayaient les sols.
Des quais presque déserts...
Quelques fleurs se détachent enfin d'un mur de céramique, lequel en état de délabrement manifeste, fait triste mine :
quelques brins de lilas...enfin !
Et à quelques pas de là, on reconnait un visage familier
Le Troubadour à la pipe, bien sûr !