Sous une pluie battante, nous nous sommes laissés aller à descendre la rue Daviel qui mène sans crier gare, à un espace névralgique de deux directions opposées. Il nous faudra commencer par un bout, mais lequel ...
La pluie semble enfin décidée à observer une trêve qui nous permet de réaliser, seulement maintenant, que tout compte fait, nous sommes descendus plus bas au-dessus du niveau de la mer, et que nous nous trouvons au beau milieu d'un carrefour anonyme de deux rues . Un temple d'une blancheur immaculée, aux lignes sobres et discrètes, marque d'un Y l'intersection des deux voies.
Le culte antoiniste est né au début du XIX siècle de l'expérience d'un ouvrier belge du nom de Louis Antoine. Influencé par les préceptes spirites d'Allan kardec , il entreprend d'exercer ses talents de médium sur des malades, ce qui lui vaut un procès retentissant pour exercice illégale de la médecine.
Cependant, les compte-rendus de ses interventions sont lues dans les salles de culte : les adeptes se font plus nombreux et il obtient rapidement la reconnaissance officielle d'organisme d'utilité publique à Jemmeppes (dans les environs de Liège).
Les temples se multiplient en Europe comme aux Amériques, et le mouvement antonioniste dont le but est de soigner sans exiger de conversion en contrepartie, bien que considéré comme une secte, est toléré et protégé comme association cultuelle loi de 1905
Pour le moment, encore sonnés et trempés par l'averse, nous marquons un moment d'hésitation devant le choix immédiat qui s'impose devant nous : deux rues austères et sans vie :
L'une d'elle porte le nom d'un député girondin,
L'autre, encore ruisselante de gouttes, porte celui d'un médecin expert dans le domaine de la chimie appliquée à la médecine. Les effets de condensation atmosphérique sur les corps étaient-ils restés d'insondables énigmes dans son esprit ?
Nous nous sommes contentés de longer le segment de la rue Vergniaud qui mène droit à la passerelle métallique du métro aérien. Le métro parcourt un long moment le boulevard Blanqui, lequel, sans y paraître, n'a cessé de contourner discrètement la Butte-aux-Cailles.
Émergeant, d'une façon parfaitement inattendue, d'un décor de métal encadré de chlorophylle, le monde se déploie devant nous
En 2006, pour fêter dignement le soixantième anniversaire de sa première parution, le journal "Le Monde" décide délire domicile dans les anciens locaux d'Air France, derrière une imposante façade où une colombe dessinée par Plantu survole les pays en suivant les vers de Victor Hugo...
De nouveau, les nuages se sont groupés en congrégation : ils complotent un nouvelle averse. Nous jugeons prudent, mais insolite de prendre abri dans des lieux réservés aux initiés de la combine, où se terrent souvent âmes en détresse et divers spécialistes de petits larcins, adossés sur les colonnes ou avachis au pied des piliers qui soutiennent la charpente de brique et de métal du viaduc. Nulle mauvaise rencontre pourtant
. Un terrain de sport entièrement grillagé sous la voûte du viaduc, permet aux jeunes du quartier de se retrouver et de se surpasser au basket sans que personne ne trouve à redire. Nous laissons les gamins décharger leurs tensions dans notre dos. En tractant paisiblement nos birkentocks, nous gagnons l'entrée officielle de la station Glacière dont les composteurs ressemblent à s'y méprendre à des pièges à souris.
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